AmiNet, émission-télé dédiée aux médias sociaux, aux technologies et aux innovations, va également au contact des jeunes, notamment des élèves et étudiants du Burkina avec le même esprit : sensibiliser sur l’usage des réseaux sociaux. Le jeudi 12 mai 2022, cette équipe de campagne éducative, conduite par la promotrice de AmiNet, Amélie Gué, était au Lycée privé Manegba de Kombissiri, dans la région du Centre-sud, où elle a échangé avec de nombreux élèves de toutes les catégories d’âge.

Pendant environ trois heures, l’équipe, composée de structures et personnes-ressources des réseaux sociaux, dont la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité, a exposé sur les différentes facettes des réseaux sociaux, projections-vidéos à l’appui.

Pour mieux adapter et faire passer les messages de sensibilisation, les organisateurs ont pris le soin de diviser son public en deux groupes. Le premier est constitué des tout-petits, n’ayant pas l’expérience des téléphones-portables, donc des réseaux sociaux, et le deuxième groupe formé des plus grands, dans le vif de ces technologies. Aux plus petits, et dans une méthode participative, les spécialistes ont pu mesurer le niveau de connaissances de ces nouveaux outils de communication à la suite de laquelle phase, ils leur ont prodigué de nombreux conseils.

Vue partielle des élèves, suivant attentivement les interventions de l’équipe de AmiNet

Le deuxième groupe a, lui, eu droit à des exposés plus poussés, avec en exergue, les mauvaises pratiques en matière d’usage de réseaux sociaux. Les projections-vidéos et autres rappels d’actualités relatives à la fuite de vidéos au contenus exotiques ont permis aux élèves de mesurer les enjeux du sujet. Ainsi ont-ils pu apprendre des dangers liés par exemple aux publications de fausses nouvelles (communément appelées Fake-news), aux « likes » (le fait d’aimer une publication), à l’attitude vis-à-vis des images et vidéos compromettantes, aux différentes attaques auxquelles ils peuvent être exposés sur les réseaux sociaux et les bonnes pratiques à adopter dans ce monde virtuel.

Ici, la section des tout-petits.

« Certains actes peuvent paraître bénins, mais avoir des conséquences graves plus tard »

« L’idée ici, c’est d’abord de sensibiliser. Il y a des gens qui ont certains comportements, parce qu’ils n’ont pas pris conscience de ce qu’ils font ou des conséquences que pourraient engendrer ce qu’ils font. (…). A travers ce projet, il s’agit de réaliser des vidéos pour la 3e édition de AmiNet qui va démarrer bientôt. Des vidéos d’éducation aux médias, qui vont également aborder des questions d’actualité liées aux infox qui font de nombreux dégâts et dont les conséquences pour certaines personnes sont dévastatrices. Vous vous rappellerez qu’il y a seulement quelques jours, un citoyen (internaute, https://lefaso.net/spip.php?article113161 : ndlr) a été interpellé, car ayant publié de fausses informations. (…).

Les élèves se sont massivement mobilisés pour se faire une idée et apprendre davantage des réseaux sociaux.

Donc, nous échangeons pour que les gens, notamment les jeunes, comprennent qu’il faut faire attention aux actes qu’ils posent. Certains actes peuvent paraître bénins, mais avoir des conséquences graves plus tard », a justifié Amélie Gué.
Les réseaux sociaux n’ont pas seulement de mauvaises facettes, ils ont beaucoup d’avantages, précise la promotrice de AmiNet, pour qui, ces outils peuvent être utilisés à bon escient, pourvu que l’on sache ce que l’on y cherche.

« Nous partons au contact de ces élèves et étudiants avec des cas pratiques, pour qu’ils comprennent bien ce dont il est question. Actuellement, les plus jeunes, ce ne sont plus Facebook, twitter, ils estiment que c’est vieux ; ils sont plutôt Tik-Tok, Snapchat et autres… Tout à l’heure, il y a une participante qui a demandé si ce qu’on dit est aussi valable pour Tik-Tok ; parce qu’elle n’a pas conscience que quel que soit le réseau social, lorsque vous publiez, c’est à tout le monde vous publiez et les dangers sont partout. Les réseaux sociaux n’ont pas que des inconvénients, ils ont également de nombreux avantages. On peut s’y former, apprendre beaucoup de choses utiles, s’instruire sur des astuces pour éviter certains pièges sur les réseaux sociaux même et dans la vie physique », présente Amélie Gué.

Amélie Gué, promotrice de AmiNet a prodigué de nombreux conseils aux élèves et mis à leur disposition, des astuces pour éviter les désagréments liés aux réseaux sociaux.

Pour le lieutenant de police Julien Legma, de la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité, le premier objectif de la communication, c’est d’impacter les élèves sur leurs attitudes sur les réseaux sociaux. Ce qui passe par une connaissance des risques liés à l’utilisation de ceux-ci. « Il est donc nécessaire de savoir les types d’informations à partager, les précautions à prendre. Nous leur avons donné des conseils-pratiques pour les aider à démasquer des pratiques cybercriminelles, qui visent à collecter des informations et données auprès de l’utilisateur ou de les arnaquer », poursuit Julien Legma.

Dans ses échanges avec les élèves, il a présenté des chiffres qui font état de ce que chaque année, ce sont plus de 2 500 plaintes, en moyenne, qui sont enregistrées par la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité et plus du milliard de pertes en numéraire. « Pour ce qui est des jeunes, c’est essentiellement le partage de contenus personnels sur les réseaux sociaux (photos, vidéos) qui est récurent », apprend-il.

Lieutenant de Police, Julien Legma.

D’où la culture de la cyber-prudence qui leur (aux jeunes) est inculquée à travers ces sorties d’éducation aux médias. Lieutenant Julien Legma a en outre, et dans une brève présentation de la structure, rappelé que la saisine de la Brigade centrale de lutte contre la cyber-criminalité est gratuite et ouverte à tout citoyen.

« Il était important de faire cette communication à l’endroit des élèves… »

Wangnin Zerbo, hacker (professionnel de la cyber-sécurité), a lui, insisté sur le fait que, Internet n’est qu’une réplique virtuelle du monde réel. « De la même manière on fait face, dans le monde réel, aux agressions, vols…, sur internet, c’est la même chose », avertit-il, demandant à ses interlocuteurs d’avoir donc une attitude responsable. Il s’agit, en clair, de ne jamais donner l’occasion à un inconnu d’avoir des données susceptibles de vous compromettre.

Wangnin Zerbo

« On leur a aussi dit qu’il est important d’être sur les réseaux sociaux et de mettre en exergue sa valeur, ses compétences. Valorisez-vous, parce que le monde numérique est comme le monde physique ; plus on vous connaît sur un bon angle, plus on vous sollicite, on vient vers vous. Soyez présents pour qu’on ne puisse pas aussi usurper de votre identité, c’est très important. Il faut donc avoir l’intelligence de développer des conditions pour pouvoir être à l’abri de tout ce qui peut être dangers sur Internet », a prodigué Wangnin Zerbo avant de présenter les types d’attaques les plus courantes, dont le phishing ou l’hameçonnage (technique utilisée par des fraudeurs pour obtenir des renseignements personnels dans le but de perpétrer une usurpation d’identité), le vol de mots de passe, le logiciel malveillant, le social Engineering, qui est le plus répandu. Ce dernier consiste à se faire passer pour un de vos proches et vous demander une action, un service, explique M. Zerbo.

A l’image de Yambuliya Dipama, promoteur du Lycée Manegba de Kombissiri, le personnel encadrant a également suivi cette session de sensibilisation aux côtés des élèves. M. Dipama avoue que cette activité lui tenait véritablement à cœur, au regard de la place des réseaux sociaux dans la vie des jeunes. « Il était important de faire cette communication à l’endroit des élèves, pour mettre en exergue les deux faces de Internet. J’ai bien aimé le contenu, il a été bien mené, avec des témoignages qui ont permis de bien édifier les élèves. Ce qui a permis de mettre en lumière plusieurs éléments et ainsi de conscientiser les élèves sur les différents risques. C’est donc satisfait que j’ai achevé cette séance », se résume le premier responsable de l’établissement, Yambuliya Dipama.

Yambuliya Dipama

Le Lycée Manegba a la particularité de contrôler l’usage des téléphones-portables en son sein. « Quand on veut avoir du sérieux, de la rigueur dans l’éducation qu’on veut donner aux enfants, il faut certes avoir la pédagogie, mais aussi un règlement intérieur qui permet à chacun de savoir ce que c’est que la discipline, la rigueur. Et au sein de l’établissement, nous avons interdit l’usage des téléphones-portables pendant les heures de cours », explique M. Dipama, précisant que tout élève surpris avec un téléphone-portable est puni.

« Je lance un message surtout aux filles… »

Elève en classe de Terminale D, Aminata Tapsoba a retenu qu’Internet a certes des avantages, mais également de nombreux inconvénients. « Il nous permet par exemple de faire des connaissances. Mais l’inconvénient est que ça peut exposer notre vie, si on publie des images et vidéos compromettantes et nuire à notre avenir. J’ai compris que lorsqu’on prend des photos et que même si on ne les publie pas, ce n’est pas pour autant qu’elles sont à l’abri d’utilisation par une tierce personne pour être balancées sur les réseaux sociaux. Je lance un message surtout aux filles de faire attention à ce qu’elles font, car elles sont les plus exposées. (…). J’ai aussi compris que les fausses informations (fake-news) vont plus rapidement sur les réseaux. Donc, il est préférable que nous vérifions toujours les sources et voir si une information est nécessaire d’être publiée », a-t-elle résumé.

L’élève Tapsoba de la classe de 3e, lui, retient que les images et les vidéos que l’on croit supprimer de son téléphone ne disparaissent pour autant pas ; elles peuvent nuire à l’avenir du jeune. « Je savais qu’il fallait faire attention à ces choses, je fais toujours attention à ce que je publie, mais ce soir, j’ai appris aussi d’autres choses que je ne connaissais, comme la vérification des informations et leur partage », soutient-il.

Comme pour joindre l’utile à l’agréable, la séance s’est achevée par une présentation de l’application « Nayane ». Elle est un concentré de solutions pour l’éducation et la santé. Elle est un outil efficace et efficient pour les parents d’élèves, les responsables et promoteurs d’établissements, etc.

Après le lycée la Jeunesse Adama Touré, le lycée Manegba de Kombissiri, la campagne de sensibilisation (5 au 17 mai 2022) s’est poursuivi à l’université Aube nouvelle et au Lycée Marien N’Gouabi.

O.L


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