Le ministre de l’Economie, des Finances et du Développement, Lassané Kaboré, a présenté le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) 2022-2024 à la représentation nationale, ce mardi 22 juin 2021. Les projections budgétaires du gouvernement soumises à débat à l’hémicycle, s’appuient sur les quatre axes du référentiel national de développement 2021-2025. Ce sont la sécurité, le capital humain, les secteurs porteurs et la bonne gouvernance. Le DPBEP est établi sur la base d’hypothèses macroéconomiques selon trois scénarii qui offrent des perspectives de croissance estimées à 7,9% en 2022 ; 5,3% en 2023 et 4,1% en 2024.

Face aux députés ce mardi matin 22 juin 2021, le ministre Lassané Kaboré a dit être optimiste quant à une meilleure croissance de l’économie du Burkina, au regard de la reprise de l’économie mondiale de façon générale, à travers la réussite du processus de vaccination contre le Covid-19. Pour lui, le Burkina n’étant pas en vase clos, il bénéficiera des retombés de cette reprise.

Du Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) 2022-2024 présenté à l’Assemblée nationale, il ressort les prévisions suivantes :
-  les recettes budgétaires seraient de 2.294,2 milliards de FCFA en 2022 (en accroissement de 7,8% par rapport à 2021), 2.466,3 milliards de FCFA en 2023 et 2.660,7 milliards de FCFA en 2024. Le taux de croissance moyen des recettes budgétaires sur la période 2022-2024 serait de 7,7% ;

Alassane Bala Sakandé, président de l’Assemblée nationale.

-  les recettes propres se situeraient à 2.117,9 milliards de FCFA en 2022, 2.290,0 milliards de FCFA en 2023 et 2.484,4 milliards de FCFA en 2024. La part des recettes propres dans les recettes totales ressortirait à 92,8% en moyenne sur la période ;

-  les recettes fiscales, elles, s’évalueraient respectivement à 1.858,3 milliards de FCFA en 2022, 2.016,2 milliards de FCFA en 2023 et 2.224,9 milliards de FCFA en 2024. Le taux de pression fiscale dans ce scénario ressortirait à 15,1% ; 15,4% et 16,0% respectivement en 2022, 2023 et 2024.

Les préoccupations des députés suite à la présentation du DPBEP.

Au terme de l’exposé du ministre de l’Economie, les députés ont posé des préoccupations. Il s’agit entre autres de la stratégie que le gouvernement entend mettre en place pour améliorer ses recettes, au regard des prévisions faites par rapport aux ressources dont dispose le Burkina Faso. « Pour les projections à la hausse jusqu’à 18,1% en 2022, sachant que les surfaces mises en valeur par les agriculteurs ont baissé pendant que les rendements stagnent, sur quel levier comptez-vous vous appuyer pour accroître la production céréalière comme mentionné dans le document ? », a demandé un député au ministre. La question du budget alloué aux collectivités territoriales est également revenue à plusieurs reprises.
A la fin de cette série de questions, Lassané Kaboré a fourni quelques éléments de réponse.

Le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) 2022-2024 présenté par le ministre de l’Economie, Lassané Kaboré.

« Nous sommes en déficit infrastructurel dans un certain nombre de secteurs où nous devons investir. Et comme l’a dit un des honorables députés, l’endettement n’est pas aussi négatif en tant que tel. Tout dépend de ce que nous en faisons. Nous devons tenir compte de nos capacités et je puis vous rassurer que cela n’a pas d’impacts majeurs sur notre économie, car lorsque l’on prend le service de la dette, cela est soutenable », a expliqué le ministre, avant de souligner que la BCEAO a mis en œuvre une politique d’aide aux Etats dans le contexte du Covid-19. « Parce que c’est d’abord une situation inédite et il fallait permettre aux Etats de financer la relance. Cela a permis à l’ensemble des pays de mobiliser des ressources à de faibles taux, ce que nous appelons des ‟dons Covidˮ », a ajouté Lassané Kaboré.

En ce qui concerne la décentralisation, le ministre a déclaré qu’elle faisait partie des priorités du gouvernement. L’économiste fonde également son espoir sur les tendances actuelles non seulement de la production de l’or, mais aussi agricoles. Il annonce avec confiance de bonnes perspectives malgré la crise sécuritaire.
Selon le ministre Kaboré, la modernisation de l’administration permettra d’une manière générale d’optimiser les services publics mais aussi d’imposer des taxes conformément à ce que doivent payer les personnes concernées, grâce à certain nombre de technologies qui ont été déployées. Il affirme également que le travail abattu par les Forces de défense et de sécurité permettra bientôt aux populations de regagner leurs domiciles, toute chose qui contribuera favorablement à un retour progressif d’une hausse de l’économie nationale.

Alassane Bala Sakandé, président de l’Assemblée nationale.

En rappel, conformément aux dispositions de la loi n°008-2013/AN du 23 avril 2013 portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques au Burkina Faso, et la loi organique n°073-2015/CNT du 6 novembre 2015 relative aux lois de finances, le DPBEP est soumis à un Débat d’orientation budgétaire (DOB) à l’Assemblée nationale au plus tard le 30 juin de chaque année. Le ministère de l’Economie a le devoir de l’exposer devant l’Assemblée nationale, ce qui participe au renforcement des pouvoirs de contrôle de l’institution parlementaire en ce sens qu’il permet de mieux informer le parlement sur l’évolution des finances publiques à moyen terme.

Cet exercice survient en amont de la finalisation du DPBEP, afin d’élaborer la loi de finance annuelle qui sera présentée en septembre prochain.
A cette occasion, le président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, a recommandé au ministère de l’Economie d’introduire dans sa prochaine loi de finance de l’année, l’achat d’un nouvel avion présidentiel, en raison du mauvais état de celui que possède actuellement le pays, et dont l’entretien coûte des milliards de francs à l’Etat. En outre, Bala Sakandé a appelé l’ensemble des élus locaux ainsi que les populations à dénoncer les entrepreneurs qui sont à l’origine de constructions d’infrastructures de mauvaise qualité.

Il a par ailleurs suggéré que la célébration tournante du 11-Décembre se tienne aussi dans la région du Centre, avant d’envisager une quelconque interruption de cet évènement national.

Hamed NANENA
Lefaso.net


Partager