Dans son rapport de janvier 2021, l’ONG Oxfam décrit les inégalités causées par la pandémie du coronavirus. Une maladie qui a creusé davantage le fossé qui existait entre les personnes fortunées et les personnes nécessiteuses. Des enquêtes réalisées dans 77 pays et les analyses d’éminents économistes ont permis de faire la synthèse du vécu des uns et des autres en 2020 ainsi que les conséquences socio-économiques de cette crise sanitaire.

Si pour les plus riches, les effets de la pandémie sont moins ressentis, les plus vulnérables qui sont d’ailleurs les plus touchés, font face à une récession économique et une pauvreté sans précédent. Une situation qui a précipité plus de 200 millions de personnes dans une pauvreté extrême et qui n’est pas prête de s’améliorer tant que les gouvernements ne mettent pas en place des actions fortes pour soutenir les classes pauvres. Le rapport dépeint également les conditions difficiles dans lesquelles vivent plus de 50% de la population mondiale, a contrario de celle reluisante des milliardaires qui représentent 1% de la population mondiale.

Des quatre coins du monde, les conséquences de la pandémie du coronavirus se font lourdement ressentir notamment au sein des couches les plus défavorisées. Des personnes de couleurs dans les pays développés aux populations pauvres des pays en voie de développement, les inégalités ont considérablement augmenté selon l’enquête de l’ONG Oxfam.

Selon les résultats de cette enquête, les personnes les plus riches de la planète ont retrouvé leur niveau économique en seulement neuf mois depuis le début de la maladie tandis que les plus pauvres qui représentent 50% des habitants de la Terre souffrent davantage et cela durera encore une dizaine d’années.

Selon Oxfam, « la pandémie frappe les personnes vivant dans la pauvreté beaucoup plus durement que les riches, avec notamment de lourdes conséquences sur les femmes, les personnes noires, les personnes afrodescendantes, les peuples autochtones et les communautés historiquement marginalisées et opprimées partout dans le monde. Les femmes, et a fortiori les femmes ‘’racisées’’, risquent davantage de perdre leur emploi que les hommes du fait de la maladie. En Amérique latine, les personnes afrodescendantes et les peuples autochtones, déjà marginalisés, ont été plus durement touchés que le reste de la société. Ils sont plus susceptibles de se retrouver sans ressource et de mourir ».

« Le virus des inégalités »

Le rapport épingle également les actions et décisions des différents États face à la pandémie. Selon l’ONG Oxfam, le coronavirus a révélé les failles du système de santé aussi bien chez les grandes puissances que chez les pays pauvres. Sur le plan de l’éducation, l’enquête révèle que « la pandémie devrait effacer les progrès réalisés dans le monde au cours des 20 dernières années concernant l’éducation des filles, ce qui devrait accroître la pauvreté et les inégalités »

Dans le domaine du travail, des centaines de millions de personnes ont perdu leurs emplois dans le monde à cause du coronavirus paraphrasé en ces termes par les experts de l’ONG : « le virus des inégalités ».

« La pandémie de coronavirus a mis au jour et exacerbé les inégalités de richesse, les inégalités de genre et les inégalités raciales existantes, tout en sen nourrissant. Cette crise a exposé au grand jour les problèmes inhérents à notre système économique mondial défaillant et à dautres formes d’oppression structurelle qui voient une minorité prospérer alors que les personnes pauvres, de nombreuses femmes, les personnes noires, les personnes afrodescendantes, les peuples autochtones et les communautés historiquement marginalisées et opprimées partout dans le monde luttent pour leur survie », regrette l’ONG.
Tout en décrivant les inégalités causées par le Covid-19, Oxfam n’a pas manqué de proposer des pistes de solutions.

Perspectives pour juguler la crise de la pandémie

Pour l’ONG, cela passe nécessairement par la construction d’un monde profondément plus égalitaire et qui valorise ce qui compte vraiment : Il s’agit de lutter urgemment contre les inégalités à travers des objectifs concrets dans les meilleurs délais. Selon la Banque mondiale citée par Oxfam, « si les pays interviennent maintenant pour lutter contre les inégalités, la pauvreté dans le monde retrouvera son niveau d’avant la pandémie en trois ans. Sinon, il faudra plus d’une décennie. »

Pour l’ONG Oxfam, lutter contre le dérèglement climatique, les mesures d’austérité des différents gouvernements contribueraient à réduire les écarts. Aussi, les secteurs de l’éducation, de la santé, de la sécurité sociale doivent être renforcées, mieux équipées et accessibles aux personnes vulnérables.

L’ONG Oxfam met en garde les différents gouvernements si des mesures concrètes ne sont pas prises pour remédier à ces problèmes car, selon elle, « notre avenir dépend des choix que nous faisons maintenant ». « Le Covid-19 a précipité les pays du monde entier vers une crise économique et sanitaire extrême. Le fossé entre les riches et les pauvres atteignait déjà indéniablement des niveaux extrêmes avant la pandémie. Sans mesure d’urgence immédiate, la crise du coronavirus menace désormais d’aggraver encore les inégalités économiques dans la quasi-totalité des pays de la planète simultanément. Ce qui est une première depuis que ce type de données est enregistré », alerte Oxfam.

« Nous sommes à un tournant de l’histoire de l’humanité. Il n’est pas concevable de revenir au monde brutal, inégal et non durable d’avant la crise du coronavirus. L’humanité est incroyablement talentueuse, infiniment riche et douée d’une imagination sans borne. Nous devons miser sur ces atouts pour créer une économie plus égalitaire et centrée sur l’humain qui profite à toutes et tous, et non à une poignée de privilégié-e-s seulement. Il sera ainsi possible de créer un monde qui n’est pas dirigé par quelques milliardaires, mais par des voix diverses et multiples, de manière collective, dans le respect des principes de la démocratie et des droits humains », a conclu le rapport.

L’ONG Oxfam est une confédération internationale de 20 organisations qui, dans le cadre d’un mouvement mondial pour le changement, travaillent en réseau dans plus de 67 pays à la construction d’un avenir libéré de l’injustice qu’est la pauvreté.

J.E.Z
Lefaso.net


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